Le Document Unique et la Prévention du Risque de Chute de Hauteur
En matière de sécurité au travail, la prévention des risques professionnels est une priorité absolue. Parmi ces risques, les chutes de hauteur figurent parmi les plus graves, tant par leur fréquence que par leurs conséquences. C’est dans ce contexte que le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) joue un rôle clé. Cet outil obligatoire permet à l’employeur de recenser, analyser et prévenir les risques présents dans l’entreprise.
Le Document Unique : définition et cadre légal
Instauré par le décret n° 2001-1016 du 5 novembre 2001, le DUERP est un document qui formalise l’évaluation des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs. Il est obligatoire pour tout employeur, dès le premier salarié. Cette évaluation est à la fois une obligation légale et une démarche essentielle de prévention.
Le DUERP doit être mis à jour :
- au moins une fois par an,
- lors de toute décision importante modifiant les conditions de travail,
- après un accident du travail ou une maladie professionnelle.
L’objectif est de mettre en place un plan d’actions adapté afin de réduire les risques identifiés, dont celui des chutes de hauteur.
Le risque de chute de hauteur : un danger majeur
Les chutes de hauteur représentent une part importante des accidents graves, voire mortels, sur les lieux de travail. Ce risque concerne particulièrement les secteurs du bâtiment, de l’entretien industriel, de la logistique, mais aussi les services, comme l’entretien de locaux ou le spectacle vivant.
Par définition, une chute de hauteur intervient lorsqu’un travailleur tombe d’un niveau supérieur à un autre. Cela peut inclure les toitures, échafaudages, échelles, plateformes élévatrices, etc. Le Code du travail (article R.4323-58) précise que tout travail en hauteur doit faire l’objet de mesures de prévention spécifiques.
Intégrer le risque de chute de hauteur dans le DUERP
Pour évaluer correctement le risque de chute de hauteur, plusieurs éléments doivent être pris en compte :
- la nature des tâches effectuées,
- la fréquence des interventions en hauteur,
- les équipements utilisés (échelles, nacelles, harnais, etc.),
- l’environnement de travail (intérieur, extérieur, conditions météo, etc.).
L’analyse des situations de travail permet de hiérarchiser les risques et d’identifier les postes les plus exposés. L’intégration dans le DUERP doit décrire les risques concrets, les facteurs aggravants et les mesures de prévention en place ou à mettre en œuvre.
Mesures de prévention à mettre en œuvre
Les principes généraux de prévention (article L.4121-2 du Code du travail) imposent de privilégier la suppression du risque à sa réduction. Pour les chutes de hauteur, cela signifie :
- Éviter le travail en hauteur autant que possible, en repensant l’organisation des tâches.
- Mettre en place des protections collectives : garde-corps, filets de sécurité, plateformes sécurisées.
- Utiliser des équipements de protection individuelle (EPI) uniquement en dernier recours, avec une formation adaptée (harnais, longes, absorbeurs d’énergie...).
En complément, il est indispensable de :
- Former les salariés aux bonnes pratiques,
- Contrôler régulièrement l’état des équipements,
- Mettre en place des procédures de secours en cas de chute,
- Suivre l’efficacité des mesures dans le temps (suivi d’indicateurs, enquêtes d’accidents, etc.).
Responsabilités de l’employeur
L’employeur a une obligation de résultat en matière de sécurité. En cas d’accident lié à une chute de hauteur, sa responsabilité civile ou pénale peut être engagée si les mesures de prévention sont jugées insuffisantes ou mal appliquées. La traçabilité offerte par le DUERP constitue donc une preuve de la démarche de prévention entreprise.
Conclusion
Le Document Unique est bien plus qu’une simple formalité administrative : c’est un outil stratégique de gestion des risques. En y intégrant sérieusement le risque de chute de hauteur, l’employeur agit pour la sécurité de ses salariés, réduit les accidents et renforce la culture de prévention dans l’entreprise. En somme, anticiper les dangers, c’est déjà protéger la vie humaine.